Alex Turcotte révèle qu'il lui a fallu quatre ans afin de perfectionner la « Alfie », une feinte rendue populaire par son père, Alfie Turcotte, alors qu'il connaissait ses meilleurs moments dans le hockey professionnel dans les années 1980.
Repêchage 2019: Turcotte montre son talent… et les feintes familiales
Le centre qui devrait être repêché parmi les 10 premiers, a perfectionné la « Alfie », rendue populaire par son père
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Alex (5 pieds 11 pouces, 185 livres), un centre gaucher qui fait partie de l'équipe des moins de 18 ans du Programme de développement de l'équipe nationale américaine (USNTDP), avait sept ans quand il s'est finalement senti suffisamment à l'aise pour ajouter cette manœuvre à un répertoire déjà bien garni d'habiletés et de lancers de qualité.
« C'est quelque chose que tu fais instinctivement, a expliqué Turcotte. Tu t'approches du défenseur et ramènes la rondelle vers toi du bout de ta palette. Quand il s'approche, tu repousses la rondelle devant et tu accélères, en tentant d'aller la chercher. »
Il faut croire que la feinte est tout de même facile à orchestrer puisque la « Alfie » est maintenant devenue l'une des manœuvres les plus utilisées dans la LNH.
« Les joueurs ne savent même pas que c'est la ''Alfie'', a souligné le paternel. Alex a vraiment perfectionné les feintes que je lui ai enseignées. »
Alfie Turcotte a joué 112 matchs dans la LNH en sept saisons avec les Capitals de Washington, les Jets de Winnipeg et les Canadiens de Montréal, qui en avaient fait leur choix de première ronde (17e au total) au repêchage de 1983.
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La famille Turcotte a d'ailleurs des racines au Québec, puisque le grand-père d'Alex, Réal, est né à East Angus en Estrie. Il a par la suite déménagé aux États-Unis afin de jouer dans le programme de l'Université du Michigan. Alfie (de son vrai nom Réal Jean Turcotte) est né à Gary en Indiana alors qu'Alex a vu le jour à Island Lake, en Illinois. Il est d'ailleurs capable de prononcer quelques mots dans la langue de Molière.
« Il est un meilleur joueur en équipe que je ne l'étais, analyse le père à propos de son fils. J'apprenais encore quand j'ai fait le saut chez les professionnels, alors que lui, il a déjà acquis cela. Il a atteint un niveau supérieur à un plus jeune âge que moi, et il sait quand il faut donner la rondelle et quand patiner avec elle.
« Il est beaucoup plus discipliné que je ne l'étais. Je pense aussi qu'il est plus rapide. J'étais vite, mais c'était il y a 35 ans. Le jeu était différent à l'époque. »
Alex Turcotte, qui apparaît au cinquième rang des patineurs nord-américains en vue du repêchage de 2019, devrait ainsi devenir le meilleur hockeyeur de la famille. Il devrait être repêché parmi le top-10 et il enfilera le chandail de l'Université du Wisconsin en 2020-2021.
Le joueur de 18 ans a amassé 51 points (22 buts, 29 passes) en 27 matchs depuis qu'il est revenu au jeu le 15 décembre après avoir raté 22 parties, ennuyé par une blessure au bas du corps.
« De me retrouver loin de l'action avec cette blessure, c'est la chose la plus difficile que j'ai eu à vivre, a-t-il dit. Je m'ennuyais de jouer. J'étais anxieux, parce que tu ne sais pas quand tu vas revenir au jeu et tu ne sais pas à quoi t'attendre. C'était tout un défi auquel j'ai dû faire face. »
L'entraîneur du Programme de développement de l'équipe nationale John Wroblewski considère Turcotte comme l'un des moteurs offensifs de l'équipe.
« Alex pratique un style abrasif et est un véritable couteau suisse, parce qu'il possède tellement d'outils, a expliqué Wroblewski. Jack Hughes est notre joueur le plus électrisant, mais Alex est tout aussi utile parce qu'il est tellement efficace dans tellement de facettes du jeu.
« Il peut jouer de manière robuste, il peut ralentir le jeu, il peut l'accélérer, il peut foncer au filet ou encore diriger le jeu depuis la rampe. »
Hughes, classé au premier rang des patineurs nord-américains du classement de mi-saison du Bureau central de dépistage de la LNH, a évolué avec Turcotte a cours des deux dernières saisons avec le Programme de développement de l'équipe nationale. Il affirme qu'il ne serait pas surpris si Turcotte, qui habite chez la famille Hughes à Plymouth, au Michigan, était sélectionné parmi les trois premiers en 2019.
« C'est une bête, a déclaré Hughes. Il joue de manière intense et robuste en plus d'être talentueux, et il s'agit d'une combinaison difficile à contenir. Il ne fait pas que marquer des buts, il est probablement le meilleur joueur de l'équipe sur les mises en jeu. Plusieurs de ses buts sont le résultat de déviations devant le filet, de retours ou de tirs décochés de près, ce qui prouve qu'il n'est pas qu'un joueur de finesse qui ne marque que de la périphérie, mais qui ne va pas au filet. »
Turcotte a travaillé sur la vitesse à laquelle il décoche son tir, ainsi que sur les manières de mieux se positionner pour pouvoir l'utiliser.
« La personnalité d'Alex est un mélange de Sidney Crosby et Brad Marchand puisqu'il est un agitateur comme Marchand, mais il est constant comme Crosby, a complimenté Wroblewski. La manière dont il se comporte sur la glace est très dérangeante pour l'autre équipe puisqu'il est tellement bon et tellement polyvalent. Il peut passer au travers d'un adversaire, ou le déjouer avec ses feintes. »
L'entraîneur adjoint du Programme de développement de l'équipe nationale et ancien attaquant de la LNH Dan Hinote, un spécialiste des mises en jeu, a indiqué que Turcotte travaille fort afin de devenir un joueur constant qui va pouvoir gagner beaucoup de mises en jeu dans la LNH.
« Son succès dans le cercle des mises en jeu s'explique beaucoup par sa détermination, a expliqué Hinote. Les mises en jeu se résument à la coordination main-œil, au synchronisme et au niveau de compétitivité, mais Alex déteste perdre quoi que ce soit. Il est le genre de gars qui doit absolument passer devant vous si vous vous dirigez vers la même porte. C'est simplement dans sa nature, et c'est probablement ce qui le pousse à être si bon. Sa coordination main-œil est excellente, son niveau de concentration est hors normes, mais il veut aussi toujours comprendre pourquoi il perd une mise en jeu. »