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Tristan Luneau a toujours été reconnu comme quelqu’un de très analytique, de très méthodique. Déjà à son année d’admissibilité au repêchage, il traînait avec lui un carnet de bord où il notait ses objectifs, ses observations et les éléments sur lesquels il devait travailler.

N’allez pas croire que cela va changer maintenant que le défenseur de 19 ans s’est taillé une place avec les Ducks d’Anaheim en ce début de saison. 

« Toute ma vie, je me suis fait dire que c’était un peu trop, de relaxer un peu, a-t-il lancé en rigolant au bout du fil. C’était un autre contexte, il n’y avait pas que le hockey. Mais ici, les entraîneurs te poussent à en faire plus, à regarder tes propres vidéos, à observer l’équipe. Je me sens vraiment à ma place. »

C’est en fait l’essentiel du travail que le natif de Victoriaville accomplit à Anaheim depuis qu’on lui a confirmé qu’il demeurerait avec l’équipe jusqu’à nouvel ordre au terme du camp d’entraînement.

Luneau a disputé les deux premiers matchs de sa carrière, contre les Stars de Dallas et les Coyotes de l’Arizona, mais il a regardé les cinq autres des siens du haut de la passerelle. Pour le reste, il s’entraîne avec l’équipe et suit avec rigueur un programme d’entraînement conçu spécialement pour lui.

N’ayant pas le droit de jouer dans la Ligue américaine dès cette saison, c’est l’alternative que le directeur général Pat Verbeek et l’entraîneur-chef Greg Cronin ont trouvé pour permettre au jeune Québécois de goûter au hockey professionnel sans pour autant qu’il perde son temps en jouant peu.

Il ignore encore ce que sont les détails exacts du plan – s’il sera éventuellement retourné au niveau junior ou bien s’il passera toute la saison avec les Ducks. Il sait simplement qu’il doit continuer de progresser, un objectif facilité par la tonne de données et d’informations qui lui sont fournies tous les jours.

Un cadeau qui continue de donner pour le rat d’aréna qu’est Luneau.

« C’est une business et je suis le produit que je dois améliorer, a-t-il illustré. On a accès à plein de ressources, même les entraînements sont filmés. Quand je regarde les matchs, je ne le fais pas comme un partisan. Je regarde les gars qui sont dans la formation et je me demande ce qu’ils apportent à la game.

« Chaque fois qu’on joue un match, on a une rétroaction détaillée. On peut voir toutes les chances qu’on a eues, celles qu’on a accordées, les mises en échec qu’on a données, celles qu’on aurait pu donner, etc. Après, tu retournes à l’entraînement, et tu essaies d’appliquer tout ça. »

La qualité avant la quantité

L’approche des Ducks est plutôt différente de ce qu’on voit habituellement à travers la Ligue. La plupart des équipes vont choisir de renvoyer leurs espoirs à un niveau inférieur pour leur permettre de jouer le plus souvent possible et de gagner en expérience au volume.

La formation californienne, elle, opte pour la qualité plutôt que la quantité. Luneau n’est pas le seul à se retrouver dans cette situation. Le premier choix de l’équipe au dernier repêchage, Leo Carlsson, n’a enfilé l’uniforme que pour trois rencontres jusqu’à maintenant.

Le reste du temps, les deux recrues font du temps supplémentaire après les entraînements pour perfectionner leurs habiletés et redoublent d’efforts en gymnase pour s’élever aux standards requis.

« C’est une organisation qui a des standards très élevés au niveau du conditionnement physique, et ultimement ça se transpose sur la glace, a expliqué Luneau. Les Ducks veulent être une équipe qui joue vite, qui est difficile à affronter et qui est toujours en chasse. C’est un système très agressif.

« Il faut donc que je sois dans la meilleure forme possible. Si je peux me servir de cette année pour améliorer mon explosivité, ma force physique et apprendre le système, ce sera très avantageux pour moi. »

Et le Mondial junior?

Avec la confiance qu’il a affichée lors du calendrier préparatoire, Luneau a réussi à cocher le premier item qu’il avait sur sa liste en vue de cette campagne, soit de se tailler un poste dans la LNH.

« Je n’avais aucun doute dans ma tête que ça allait se produire, a-t-il assuré. C’est la mentalité avec laquelle j’ai abordé chaque match et chaque entraînement. »

Cette réussite pourrait toutefois mettre en péril un autre item de sa liste. Son objectif principal est évidemment de demeurer dans la grande ligue jusqu’à la fin de la saison, mais il y a tout de même une petite partie de lui qui songe au Mondial junior, en décembre. Ce serait sa dernière chance d’y participer.

« C’est une étape assez importante dans une carrière, et ce serait plaisant de vivre cette expérience-là, a-t-il amorcé. En même temps, je veux passer le plus de temps possible chez les professionnels cette année, et mon focus est là-dessus en ce moment. »

Si Luneau continue de regarder la majorité de matchs du haut des gradins, les Ducks pourraient être tentés d’emprunter la même voie qu’avec Mason McTavish, en 2021.

L’attaquant avait été renvoyé dans la OHL en novembre pour participer au tournoi avant d’être échangé aux Bulldogs d’Hamilton, une équipe aspirante. Il avait remporté les séries de la OHL en plus de participer au tournoi de la Coupe Memorial.

Quelques mois plus tard, il revenait à Anaheim fin prêt, et disputait sa première saison complète avec les Ducks. Il s’agit là d’un scénario qu’il ne faudrait pas exclure dans le cas de Luneau.