Tout le monde voulant sa photo avec la vedette du moment, ç'a créé un mouvement de foule, et des gardiens de sécurité ont dû rapidement intervenir pour lui permettre de s'évader par l'ascenseur.
« Ils sont intenses, a-t-il remarqué. C'est pour ça qu'ils sont les meilleurs partisans au monde. »
C'est signe que le relatif anonymat dans lequel il vivait jusqu'à ce que le directeur général Kent Hughes prononce son nom au podium vers 19 h 25, jeudi, est désormais chose du passé. On l'a vite constaté en le suivant dans les coulisses de l'amphithéâtre montréalais dans les heures qui ont suivi sa sélection.
« On m'a dit que je devais lui remettre ça et qu'il devait la porter en tout temps », a plaidé un jeune accompagnateur, décidément bien décidé à faire son travail, en montrant une accréditation sur laquelle on pouvait lire « joueur repêché ».
« Ne t'inquiète pas, ça va bien aller sans ça. Tout le monde sait qui il est maintenant », a vite rétorqué un responsable des communications avec un brin de sarcasme. À 6 pieds 4 pouces et 210 livres, avec son chandail orné du numéro 1 et sa casquette des Canadiens, Slafkovsky était effectivement bien identifiable.
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Si les derniers jours - voire les dernières semaines - nous ont fait découvrir un jeune homme à l'humour pince-sans-rire et au sens de la répartie bien développée malgré un anglais qui demande encore un peu de travail, les trois heures passées dans son ombre nous l'ont fait apprécier encore davantage.
Surtout quand il a révélé qu'il portait des souliers trop petits pour lui et qu'il souffrait depuis qu'il s'était levé de son siège. Tout ça après avoir fait le tour du Centre Bell environ 12 fois pour se plier aux responsabilités qui viennent avec le privilège d'être le premier choix au total.
« C'est l'enfer, je ne sens plus mes orteils, a-t-il avoué en grimaçant. Je porte habituellement du 14, mais il ne restait que du 12 dans les magasins. Ce n'est pas grave, ça vaut la peine de souffrir pour ça. »
Le simple fait de le suivre et de le voir enfiler les entrevues et les requêtes à un rythme effréné était essoufflant. Dans les 50 premières minutes qui ont suivi sa sélection, le jeune homme a dû se soumettre à dix entrevues distinctes à différents endroits dans l'amphithéâtre montréalais.
On vous assure qu'il a effectué les 10 000 pas quotidiens recommandés. Probablement même plus.
Il a aussi visité les différentes stations pour les photos officielles - il a dû prendre la pose au moins une centaine de fois dans la soirée sans même avoir de temps pour se recoiffer. Le défi est quand même de taille quand on a une casquette bien enfoncée sur la tête depuis plusieurs minutes.
« Ça ne s'améliorera pas, j'ai tout essayé, a-t-il laissé tomber en sortant de la salle de bain au studio de Getty Images. Au moins, le chandail a de la gueule. »
Sont ensuite venues les stations de signatures d'items promotionnels, les demandes pour les différents réseaux sociaux et commanditaires de la Ligue, et on en passe. À travers tout ça, Slafkovsky tentait de jeter un coup d'œil aux messages qui ne cessaient d'entrer sur son cellulaire.
« Je dois m'assurer de répondre à mes amis de l'autre côté de l'Atlantique », a-t-il noté.