Ken Holland a occupé le poste de directeur général des Red Wings de Detroit pendant 22 ans, récoltant au passage trois titres de la Coupe Stanley (1998, 2002 et 2008), et il a appris que gagner peut changer la culture d'une organisation.
Holland veut changer la culture des Oilers et apporter de la stabilité
Le DG discute de son nouvel emploi, de ses plans pour le repêchage et de sa conversation avec McDavid avec LNH.com
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Embauché par les Oilers d'Edmonton à titre de directeur général le 7 mai, Holland, 63 ans, devra se mesurer à un gros défi avec une équipe en proie au doute et qui a vécu sa part de déceptions. Les Oilers ont terminé au septième rang de la section Pacifique avec 79 points et ils ont participé aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley à une seule occasion lors des 13 dernières campagnes.
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« Qu'est-ce qui change une culture? Gagner, a laissé tomber Holland. Mais combien de fois faut-il gagner pour changer cette culture? »
Voilà la question qui est au cœur de la réflexion de Holland et qui oriente ses premiers pas dans sa nouvelle organisation.
Il a d'abord dû prendre quelques décisions organisationnelles. Le vice-président directeur des opérations hockey Craig MacTavish, un ancien directeur général, entraîneur et joueur des Oilers, a décidé de partir pour aller diriger la formation du Lokomotiv dans la KHL. Le vice-président du personnel des joueurs Duane Sutter a été congédié et Holland a décidé de se séparer de l'entraîneur Ken Hitchcock afin de choisir lui-même le nouvel entraîneur de l'équipe.
Des décisions relatives à l'alignement devront aussi être prises bientôt et le moment venu, Holland souhaite que le fil conducteur de tout ce qui est entrepris à Edmonton soit la stabilité.
« On ne peut pas continuer à changer d'entraîneur tous les deux ou trois ans. En 22 années à Detroit, je n'ai eu que quatre entraîneurs (Scotty Bowman, Dave Lewis, Mike Babcock, Jeff Blashill), a indiqué Holland. On ne peut pas changer constamment de DG et d'entraîneurs. Alors, j'espère pouvoir apporter de la stabilité et un plan directeur à cette organisation.
« Il y aura des moments difficiles, mais si on congédie tout le monde chaque fois que ça va mal, il faut changer de plan et il faut repartir à zéro. Pour avoir une bonne culture, il faut de la stabilité et il faut savoir où on va et comment on va y arriver. »
Holland affirme que le succès de son plan passe par le repêchage et le développement des jeunes joueurs. L'équipe doit pouvoir s'améliorer à l'interne.
« Il n'y a pas de solution miracle, a-t-il poursuivi. Je n'ai pas de baguette magique. Il n'y a pas de magasin de hockey où je pourrais aller acheter tout ce qu'il faut. Il faut une bonne planification et ensuite, il faut s'en tenir au plan et être patient. Les équipes qui ont du succès misent sur la stabilité. Leurs entraîneurs et leurs dirigeants sont là depuis un certain temps. J'espère rester ici longtemps et engager un entraîneur qui va accepter de me suivre et avec lequel je vais pouvoir me mettre au travail.
« C'est comme ça qu'on change une culture et ça n'arrivera pas seul à la fin du mois de juin. Ça pourrait même être encore difficile en octobre. On va peut-être commencer lentement, mais on doit s'en tenir au plan. »
Holland était à Vancouver, où il a été intronisé au Panthéon du sport de la Colombie-Britannique à titre de bâtisseur jeudi, lorsqu'il s'est entretenu avec LNH.com. Voici ses réponses aux autres questions que nous lui avons posées.
Sur ce qu'il a appris à ses deux premières semaines avec les Oilers :
« Je dirais que j'ai beaucoup appris. Le lendemain de la conférence de presse, je suis allé passer trois jours à San Diego pour observer Bakersfield (lors des séries éliminatoires de la Ligue américaine de hockey). J'ai aussi passé quelques heures avec Craig MacTavish et plusieurs heures avec Bob Nicholson (le PDG) et Keith Gretzky (le directeur général adjoint). On a observé notre équipe de la LAH, qui compte quelques jeunes joueurs qui devraient éventuellement pouvoir se joindre aux Oilers d'Edmonton, à mon avis. Puis, je suis revenu à Edmonton pour une rencontre de trois jours avec nos dépisteurs professionnels. Ensuite, on a passé quatre jours à préparer le repêchage avec nos dépisteurs amateurs. J'ai eu plusieurs conversations avec Ken Hitchcock et ses [adjoints] à propos de notre attaque et de notre défense. J'ai parlé à beaucoup de gens dans l'organisation pour connaître leur point de vue sur les joueurs, sur l'équipe et sur ce qui doit être fait, selon eux. Venant de l'extérieur, j'avais déjà ma propre idée de ce qu'il fallait faire et ça correspondait à peu près à ce qu'ils m'ont dit. Ce qui ressort le plus, c'est qu'on doit avoir plus de profondeur. »
Sur la quête d'un nouvel entraîneur et sur ce qu'il cherche :
« Quand je regarde dans la LNH, je vois que les équipes doivent être structurées et acharnées. J'avais une longue liste de noms, mais maintenant, je n'ai plus que quelques candidats sur ma liste. La plupart ont déjà dirigé une équipe [dans la LNH]. Je n'ai pas fait beaucoup d'entrevues. J'ai passé beaucoup de temps au téléphone à parler à des gens partout dans la ligue à propos de ces personnes. Ken Hitchcock m'est venu en aide pendant ce processus. Il connaît presque tous les entraîneurs de la ligue, alors il peut obtenir des renseignements que j'aurais difficilement pu trouver moi-même. Cette personne devra pouvoir instaurer une structure et avoir l'expérience des batailles tactiques que se livrent les entraîneurs. Dans la LNH, il y a toujours des périodes plus difficiles. Ce n'est jamais parfait. C'est là que l'expérience entre en jeu. Avoir déjà vécu ces épreuves est certainement un atout et non un défaut. »
Sur sa conversation avec le capitaine Connor McDavid après son embauche :
« On s'est seulement salués après mon embauche. Je lui ai dit que quelque part, tôt en juin, je veux aller souper ou dîner avec lui. Donc, on essaie d'insérer ça dans notre horaire. Je ne lui ai rien dit de plus que ce que je vous ai dit ou que j'ai dit à la conférence de presse. Je suis emballé par cette nouvelle aventure et on va la vivre tous ensemble. On va essayer de bâtir une équipe qui pourra aspirer aux grands honneurs et Connor va jouer un rôle crucial dans ce projet. Il y a eu beaucoup de bonnes personnes de hockey à [Edmonton], mais ç'a été difficile et je dois découvrir pourquoi. Qu'est-ce que je peux faire différemment? Qu'est-ce que je peux mieux faire? En fin de compte, Edmonton est une grande ville de hockey avec des partisans extraordinaires et on va essayer de bâtir une équipe dont ils vont pouvoir être fiers. »
Sur le statut du directeur général adjoint Keith Gretzky :
« Je crois qu'il va rester. J'ai eu plusieurs conversations avec Keith. Je lui ai dit que je voulais qu'il reste. Je lui ai offert un poste. On a parlé des responsabilités qui semblent l'intéresser. J'ai parlé de Keith avec plusieurs personnes et je crois qu'il a une bonne discipline de travail et qu'il sait reconnaître le talent. On a eu plusieurs discussions. Il aime travailler avec Bakersfield, il aime participer au développement des joueurs et il aime aussi aller observer les joueurs avant le repêchage. Il va être avec nous à Buffalo la semaine prochaine lors de la séance d'évaluation du repêchage. »
Sur les priorités des Oilers au repêchage :
« Je connais très bien cette cohorte parce que je suis allé observer beaucoup de joueurs. Detroit a le sixième choix et Edmonton, le huitième. On veut toujours avoir le meilleur joueur possible. On va obtenir un bon joueur. Il y a deux joueurs au sommet dont tout le monde parle et ensuite, il y en a huit ou neuf qui sont très semblables et on va avoir un de ces joueurs-là. Est-ce que ce sera un défenseur ou un attaquant? Je ne crois pas que ça ait beaucoup d'importance. »
Sur l'importance que revêtent la stabilité et la patience à ses yeux :
« Je l'ai vécu. Je le comprends. C'est facile d'écrire à ce sujet et d'en parler. Par contre, c'est difficile à vivre, mais il faut le faire. Les gens parlent de reconstruction, mais ils ne réalisent pas que ça dure plus qu'un an. Pour répondre à votre question, c'est parce que je l'ai vécu et je l'ai expérimenté. Je comprends parce que je l'ai vécu comme joueur dans les mineures, comme dépisteur qui passe de 150 à 200 jours par année sur la route pendant une décennie pour évaluer des joueurs, puis comme directeur général qui doit prendre des décisions. »