La cérémonie d’intronisation du Temple de la renommée du hockey 2024 aura lieu lundi. La cuvée de cette année inclut Pavel Datsyuk, Shea Weber, Jeremy Roenick, Natalie Darwitz, Krissy Wendell-Pohl, Colin Campbell et David Poile. Aujourd’hui, la journaliste NHL.com Tracey Myers dresse le portrait de Roenick.
Jeremy Roenick, l'homme des grands moments qui fera son entrée au Temple
L'ancien attaquant a marqué ses anciens coéquipiers pour sa forte personnalité et ses prouesses lorsque l'enjeu était grand
© Chase Agnello-Dean/NHLI via Getty Images
Les matchs de hockey mineur, les week-ends sur la route… Une quarantaine d’années plus tard, ces souvenirs de jeunesse sont encore frais dans la mémoire de Jeremy Roenick.
« J’ai joué partout, de la Virginie à Arctic Circle, raconte-t-il. Les matchs et les tournois étaient souvent à quatre ou cinq heures de voiture. Il fallait du dévouement. »
Ce dévouement l’aura mené à Chicago, Phoenix, Philadelphie, Los Angeles et San Jose.
Quelques années plus tard, Toronto sera la destination finale d’une riche carrière. Roenick sera intronisé au Temple de la renommée du hockey dans la métropole ontarienne la semaine prochaine.
Après quelques années d’attente, l’ancien attaquant ne pensait jamais recevoir l’appel du Temple. Finalement, l’attente aura valu la peine.
« Lorsque tu attends longtemps, tu ne sais pas jusqu’à quel point la nouvelle t’atteindrait si tu la reçois. Je croyais que je n’allais pas en faire un plat, mais lorsqu’on m’a appelé, c’est comme si un train venait de me frapper, indique celui qui a pris sa retraite de la LNH en 2009. J’étais si heureux, je ne pouvais plus parler. Je pleurais devant la barista du Starbucks! Je me sens très bien depuis que j’ai reçu l’appel, il y a quelques mois. »
Malheureusement pour Roenick, son père ne pourra être à ses côtés pour l’intronisation. Walter Roenick est décédé en 2021.
« S’il y a quelqu’un qui voulait voir ce jour arriver, c’était lui, soutient Jeremy. Il n’a jamais raté un de mes matchs, que ce soit à la télévision ou en personne. Il est celui qui m’a conduit des heures et des heures vers mes matchs lorsque j’étais jeune. Il a fait beaucoup de sacrifices pour s’assurer que je puisse continuer à jouer au hockey avec les meilleurs de mon groupe d’âge. Il était un père fier.
« J’aime me dire qu’il va se trouver un siège dans la première rangée et qu’il va trouver le moyen de regarder mon intronisation. »
Adolescent repêché de l’Académie Thayer à Braintree, au Massachusetts, Roenick est devenu l’une des grandes vedettes de la LNH. Le huitième choix au total du repêchage de 1988 par les Blackhawks de Chicago a récolté 1216 points (513 buts, 703 aides) en 1363 matchs avec les Blackhawks, les Coyotes, les Flyers, les Kings et les Sharks.
« Il est arrivé de l’Académie comme un enfant sans peur, jamais débordé par les événements. Il savait qu’il pouvait jouer dans la LNH », explique l’ancien défenseur et directeur général des Sharks Doug Wilson, premier cochambreur de Roenick sur la route avec les Blackhawks. « Il n’était pas très costaud à l’époque, mais il est arrivé prêt. Tu ne croises pas quelqu’un comme lui tous les jours. »
L’entraîneur membre du Temple Ken Hitchcock, qui a dirigé Roenick avec les Flyers de 2002 à 2004, avoue qu’il n’était pas un grand partisan de Roenick avant de le côtoyer chez les Flyers.
« Même que je le haïssais lorsqu’il jouait pour les Blackhawks, précise-t-il. Il avait blessé plusieurs de nos joueurs. Il était sans pitié, compétitif et si endurant qu’il était le genre de joueur que tu adorais avoir de ton côté, mais que tu détestais affronter. Et là, soudainement, je le dirigeais.
« Il avait ce feu en lui qui était très unique. Il était tellement un passionné. Je ne sais pas si c’était la passion du hockey ou la passion de la compétition, mais dans les matchs importants, il était à son meilleur. »
Roenick a obtenu 122 points (53 buts, 69 aides) en 154 rencontres de séries éliminatoires. Douze de ses buts marqués lors de tournois printaniers ont fait la différence dans la victoire de son équipe. En 1991-92, il a marqué le but qui envoyait les Blackhawks en finale de la Coupe Stanley.
Il se classe au troisième rang chez les joueurs américains au chapitre des buts et au quatrième rang pour les points derrière Mike Modano (1374), Patrick Kane (1291) et Phil Housley (1232). Il a participé à neuf matchs des étoiles (1991-94, 1999, 2000, 2002-04) et a représenté les États-Unis aux championnats mondiaux juniors de 1988 et 1989, à la Coupe du monde de 1991, à la Coupe Canada de 1991, puis aux Jeux olympiques de 1998 et 2002, remportant l’argent à Salt Lake City à sa dernière présence.
© Bill Smith/NHLI
Indépendamment de sa production offensive de la soirée, Roenick attirait toujours l’attention. Sa personnalité exubérante faisait tourner les têtes sur la glace et même à l’extérieur de celle-ci.
« Il aimait les caméras. Il avait des plaques d’immatriculation personnalisées comme ‘’STYLES’’ ou quelque chose du genre », souligne l’ancien défenseur Chris Chelios, coéquipier de Roenick de 1990 à 1996. « Il était extraverti et facile d’approche avec les partisans. C’est pour ça, notamment, que les gens l’aimaient tant. Jeremy prenait plaisir à se faire approcher. »
Roenick prenait également plaisir à passer du temps avec ses coéquipiers. Chelios se remémore un voyage de ski dans l’Ouest canadien.
« Lorsque nous allions affronter Calgary, Edmonton et Vancouver, nous passions quatre ou cinq jours à Banff, en Alberta. L’entraîneur Mike Keenan nous avait précisé qu’on n’avait pas le droit de skier, mais 11 ou 12 d’entre nous avions dit ‘’ne l’écoutons pas!’’
« Évidemment, nous avons croisé Mike sur la pente. Il était avec sa famille.
- Que faites-vous ici?
- Qu’en penses-tu?
« Le lendemain, il nous avait convoqués à un entraînement punitif de 45 minutes sans rondelle. »
Chicago aura toujours une place spéciale dans le cœur de Roenick. Après tout, c’est là-bas que sa carrière dans la LNH a commencé. Le futur intronisé a également un penchant pour Philadelphie, car non seulement il y a joué de 2001 à 2004 avec les Flyers, mais aussi parce qu’il se souvient de toutes les fois où s’il y était rendu afin de jouer des matchs de hockey mineur, quelques années plus tôt.
« J’ai développé plusieurs amitiés à Philadelphie, j’ai appris à connaître la région. Je sais à quel point les gens de Philadelphie sont des partisans de sport et de leurs équipes. En tant que partisan de sport et connaissant Philly depuis que j’ai 11 ans, j’étais emballé de jouer pour les Flyers et d’évoluer pour l’équipe que j’ai encouragée toute ma jeunesse. C’était un match parfait!
« L’un des journalistes locaux m’avait demandé si j’étais nerveux de la présence médiatique de Philly. ‘’Les journalistes peuvent être très difficiles, très abusifs’’, m’avait-il dit. Je lui ai répondu que les médias allaient davantage avoir peur de moi que j’allais avoir peur d’eux. »
Roenick s’est parfaitement intégré à sa nouvelle équipe, se souvient son ancien coéquipier Mark Recchi.
« Nous avions un bon groupe à l’époque, et sa personnalité a bien concordé avec nous tous. Il était à la fois plaisant et compétitif, un peu à l’image de notre équipe. Nous éprouvions du plaisir à jouer, mais nous jouions avec intensité, de la bonne manière. Il a immédiatement adhéré à ces principes. »
Roenick a su faire sa niche même s’il n’était plus utilisé à outrance comme avec les Coyotes, lors des saisons précédentes.
« Je savais que lorsque le match devenait plus intense, je pouvais l’envoyer sur la patinoire, a dit Hitchcock. Il n’avait plus son endurance d’antan, car son corps avait encaissé trop de coups en début de carrière, mais il levait toujours son jeu d’un cran dans les moments importants. Nous le ménagions souvent en début de match pour ensuite l’impliquer en troisième période. »
Son utilité dans les grands moments a également été utile aux Sharks de San Jose de 2007 à 2009, à ses derniers milles. En 2007-08, alors qu’il avait 37 ans, il a inscrit 14 buts, l’un de ses plus bas totaux en carrière, mais 10 de ces buts ont fait la différence dans une victoire de son équipe.
« Lorsque j’ai appris qu’il avait marqué 10 buts gagnants, je n’avais jamais rien vu de tel, avoue Wilson. Il a toujours voulu la rondelle lorsque l’enjeu devenait grand, mais de réussir à faire de telles choses à 37 ans, en fin de carrière? Cette statistique est une perle. »
Roenick a eu un impact indéniable sur son sport. Enfin, il fera son entrée au Temple.
« Il a tout donné, a conclu Wilson. Ses 1360 matchs malgré son style de jeu éprouvant sont une démonstration de force et d’amour pour le hockey. Dès ses premiers coups de patins dans la ligue, il était sans pitié. Je suis très content qu’il soit enfin admis au Temple et qu’il puisse célébrer ce parcours. »