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Les Canadiens de Montréal n'avaient pas gagné la Coupe Stanley depuis 12 ans, alors que leur plus récent championnat remontait à 1931. À deux reprises durant cette période, l'équipe avait échoué à se qualifier pour les séries éliminatoires et elle n'avait même pas atteint la Finale une fois.

Mais le 30 octobre 1943, le soir de l'ouverture de la saison 1943-44, un vent d'optimisme soufflait sur Montréal. Le gardien ambidextre Bill Durnan, qui portait une mitaine dans chaque main, était prêt pour son premier match dans la LNH. Le trio composé du joueur de centre Elmer Lach, de l'ailier droit Maurice Richard et de l'ailier gauche Toe Blake venait d'être assemblé par l'entraîneur Dick Irvin sur la base de son intuition.
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Les Canadiens ont pris un retard de 2-0 contre les Bruins de Boston devant un Forum rempli au maximum de sa capacité par 12 166 spectateurs, mais ils sont venus de l'arrière pour repartir avec un verdict nul de 2-2. Quarante-neuf matchs plus tard, Montréal était champion de la saison régulière. Avec 83 points (38-5-7), les Canadiens ont fait mordre la poussière aux Red Wings de Detroit (26-18-5), deuxièmes avec 25 points de retard.
Neuf rencontres des séries plus tard - une partie de plus que le minimum nécessaire - les Canadiens étaient champions de la Coupe Stanley, ayant vaincu les Maple Leafs de Toronto 4-1 dans une série quatre de sept en demi-finale avant de balayer les Black Hawks de Chicago pour gagner le sixième des 24 championnats de l'équipe jusqu'ici.

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Durnan, qui allait jouer sept saisons dans la LNH, a été une révélation. Il a remporté le trophée Vézina six fois, menant la Ligue au chapitre des victoires à quatre occasions. Son leadership était tel qu'à la fin de la saison 1947-48, il a été nommé capitaine des Canadiens, devenant le dernier gardien à occuper activement ce rôle. Il a remplacé Blake quand celui-ci a subi une fracture à la cheville qui allait mettre fin à sa carrière.
Durnan a pris sa retraite en 1950, alors qu'il était dans ses meilleures années à l'âge de 34 ans, parce qu'il était étouffé par la pression qui venait avec le fait d'être gardien à Montréal.
L'ailier droit Joe Benoit avait quitté les Canadiens avant la saison 1943-44 pour rejoindre l'armée canadienne et servir son pays lors de la Deuxième Guerre mondiale. Placés ensemble lors de la saison 1942-43, Benoit, Lach et Blake avaient été surnommés la Punch Line par les journalistes de Montréal en raison de leur explosivité. Richard, une recrue à ce moment-là, avait été à l'écart en raison d'une fracture à la cheville après 16 matchs durant la saison.
Irvin a aimé ce qu'il a vu de Richard durant le camp d'entraînement à l'automne 1943, le plaçant à la place de Benoit, même s'il était gaucher.
« Un attaquant est un attaquant et il doit être en mesure de jouer à toutes les positions à l'avant, a fait valoir Irvin. Richard va bien se débrouiller à cette position. »
« Bien se débrouiller » était un euphémisme.

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Richard a porté le numéro 15 durant sa saison abrégée en 1942-43, passant au numéro 9 pour le début de la campagne 1943-44. Il a été capitaine des Canadiens de 1957 à 1960, étant le leader de l'équipe pour les quatre derniers championnats d'une série de cinq consécutifs.
Richard a pris le numéro 9 en hommage à sa première fille, Huguette, qui est née le 27 octobre 1943, trois jours avant le début de la saison. Richard ne l'a toutefois pas demandé, comme il est raconté dans l'histoire de sa vie.
« Mon père a donné congé au Rocket pour l'entraînement matinal, alors que son épouse était sur le point d'accoucher », a raconté Dick Irvin Jr., le fils du défunt entraîneur. « Quand Maurice est revenu, mon père a pris des nouvelles de son nouvel enfant, espérant que tout se déroule bien pour la famille. Quand le Rocket a raconté que Huguette pesait neuf livres à la naissance, mon père lui a demandé s'il souhaiterait prendre ce numéro. »
Richard a fait le changement, inscrivant 539 de ses 544 buts, un record d'équipe, en portant le numéro 9 que les Canadiens ont retiré le 6 octobre 1960.

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Le numéro 16 de Lach a été retiré en 2009. Aujourd'hui, le numéro 6 de Blake est porté par le capitaine Shea Weber, mais beaucoup suggèrent que lorsqu'il sera libre, il devrait rejoindre celui de ses coéquipiers dans les hauteurs du Centre Bell.
Durnan et les membres de la Punch Line sont tous au Temple de la renommée du hockey. Blake a été intronisé comme joueur, même s'il est surtout reconnu pour avoir conduit les Canadiens à huit conquêtes de la Coupe Stanley en 13 saisons entre 1955-56 et 1967-68.
Lach, Richard et Blake ont terrorisé leurs adversaires pendant plus de quatre saisons en tant que trio le plus productif de cette décennie. Le trio a été dissous après 32 rencontres lors de la saison 1947-48 en raison de la fracture à la cheville de Blake.
En neuf parties des séries en 1944, ils ont amassé un total combiné de 48 points, un record de la LNH. Blake a amassé 18 points (sept buts, 11 passes), Richard a récolté 17 points (12 buts, cinq aides), incluant les cinq buts lors d'une victoire de 5-1 dans le match no 2 de la demi-finale contre Toronto. Lach a terminé les séries avec 13 points (deux buts, 11 mentions d'aide). Durnan a conservé une moyenne de buts alloués de 1,53 avec un blanchissage durant ces séries.

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Les trois compagnons de trio avaient des habiletés uniques et ils se complétaient parfaitement. Richard était la dynamo du trio et il avait un flair pour trouver le fond du filet. Lach était l'infatigable fabricant de jeu et Blake excellait au chapitre du positionnement, et ses coéquipiers pouvaient compter sur lui.
« Nous étions seulement un trio », a lancé Lach en haussant les épaules, quelques décennies plus tard. « Je n'ai rien ressenti de particulier quand Irvin nous a placés ensemble à l'entraînement. Comme unité, nous étions bons. Sur le plan individuel, nous étions dans la moyenne des autres joueurs. »
Des joueurs tellement banals que lors de la saison 1944-45, l'année après avoir permis aux Canadiens de mettre fin à sa léthargie, Lach, Richard et Blake ont été les trois meilleurs marqueurs de la LNH, respectivement.
Cette saison-là, quand Richard a marqué l'histoire avec ses 50 buts en 50 matchs, le premier à atteindre ce plateau, Lach a dominé la Ligue avec 80 points (26 buts, 54 passes) - trois ans avant la création du trophée Art Ross - et il a gagné le trophée Hart, remis au joueur le plus utile à son équipe dans la LNH.
Photos: Temple de la renommée du hockey