Enfin, diront plusieurs. Plus d'un an après avoir amorcé leur année d'admissibilité au Repêchage de la LNH, les espoirs de la cuvée 2020 connaîtront finalement le dénouement de cette rocambolesque saison avec la tenue virtuelle de l'encan tant attendu, les 6 et 7 octobre.
Les espoirs de la LHJMQ en sept questions
À quelques jours du Repêchage, LNH.com a sondé le dépisteur Jean-François Damphousse du Bureau central de dépistage de la LNH
Alexis Lafrenière, lui, a une meilleure idée de ce qui l'attend depuis quelques semaines déjà. Considéré comme l'éventuel premier choix, c'est comme s'il avait déjà enfilé le chandail des Rangers de New York, qui ont remporté la deuxième phase de la loterie du repêchage.
À LIRE AUSSI : Le conseil en deux volets de Pierre Turgeon à Lafrenière | Perreault souhaite à Lafrenière de « tomber dans une bonne équipe »
« Alexis possède un ensemble de qualités très complet », a noté Jean-François Damphousse, un des dépisteurs du Bureau central de dépistage de la LNH. « Ce qui le démarque des autres, c'est sa capacité à gérer les matchs sous haute pression. Il se présente toujours dans les grands moments. »
Pour le moment, l'ancien attaquant de l'Océanic de Rimouski a choisi de demeurer sur les lignes de côté plutôt que d'amorcer une quatrième saison dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). La prochaine étape est assez claire dans son cas.
« Il est presque arrivé à maturité physiquement et il est assurément prêt pour le niveau supérieur, a renchéri Damphousse. Il a déjà joué trois saisons dans la LHJMQ en raison de sa date de naissance, et de l'extérieur, il est facile de penser qu'il pourra faire le saut dans la LNH dès l'an prochain. »
LNH.com s'est entretenu avec Damphousse, qui est chargé d'évaluer les espoirs de la LHJMQ pour le compte du Bureau central, au sujet de certains des meilleurs espoirs du circuit junior québécois.
Hendrix Lapierre (Chicoutimi) a été limité à seulement 19 matchs, la saison dernière, en raison d'une blessure cervicale. Il est maintenant de retour en action et a bien fait dans les matchs préparatoires jusqu'ici. Est-ce qu'il peut bénéficier de cette courte période de jeu avant le Repêchage?
« Je pense que ça peut sécuriser les équipes qui l'avaient en haute estime dans leur classement. Pour lui, la situation exceptionnelle est bénéfique, non seulement pour son classement, mais pour sa confiance personnelle. On pense souvent au repêchage et aux listes, mais pour son bien-être personnel, c'est vraiment plaisant de le voir performer à un tel niveau tôt dans la saison.
« C'est un attaquant très complet; il a un excellent coup de patin et c'est un fabricant de jeu exceptionnel grâce à sa vision du jeu. Il est efficace dans les deux sens de la patinoire. On l'a vu à la Coupe Hlinka-Gretzky, il pouvait créer des choses offensivement et aussi être très efficace dans sa zone. C'est un joueur très intéressant dans l'ensemble. »
Les attentes envers le défenseur Justin Barron (Halifax) étaient très élevées avant le début de la saison. Il a lui aussi raté une bonne portion de la saison en raison d'un caillot de sang. Est-ce qu'il s'agit d'un joueur qui a perdu un peu de lustre à son année de repêchage?
« Les blessures ne l'ont assurément pas aidé, et je pense que les attentes étaient très hautes compte tenu du fait qu'il avait eu une grosse saison en 2018-19 avec la participation des Mooseheads au tournoi de la Coupe Memorial. Je n'ai pas été déçu, pour être honnête. Il n'a peut-être pas produit autant que ce à quoi les gens s'attendaient, mais il a joué de manière robuste et très efficace défensivement. Il a un coup de patin très solide, il peut relancer l'attaque et il est bon en transition.
« Il faut faire attention aux attentes démesurées du côté des statistiques. Quand on regarde les séries de la LNH, on voit que les gros défenseurs mobiles qui peuvent jouer de façon physique sont à la mode. Un style de jeu comme celui de Barron va toujours demeurer très attrayant. »
Parlant de défenseur capable de relancer l'attaque, le cas de Jérémie Poirier (Saint-Jean) est plutôt intrigant. Il a récolté 53 points, dont 20 buts, en 64 matchs, mais on lui reproche souvent les lacunes dans son jeu en défensive. Est-ce que ça pourrait jouer contre lui au Repêchage?
« Je pense que la majorité des équipes vont regarder son jeu et voir ses qualités offensives exceptionnelles. Il est pratiquement impossible d'enseigner les atouts qu'il possède offensivement. Son lancer est puissant et il est capable de transporter la rondelle de sa zone à l'autre zone. Les équipes ont maintenant des entraîneurs spécialisés dans le développement pour améliorer les lacunes d'un joueur. C'est certain qu'il aura des choses à améliorer et à travailler pour faire la transition chez les professionnels, mais il ne faut pas pour autant oublier ses qualités offensives. »
William Villeneuve (Saint-Jean) a été l'arrière le plus productif de la LHJMQ (neuf buts, 49 passes en 64 matchs) et a été en nomination pour le titre de défenseur de l'année dans le circuit. Il est pourtant répertorié au 99e rang sur la liste finale du Bureau. Qu'est-ce qui fait en sorte que ses résultats ne se transposent pas nécessairement sur son classement?
« On a débattu longtemps en faisant des analyses sur chaque joueur. On fait des comparaisons avec les joueurs des autres ligues et on essaie d'être le plus exact possible sur nos listes finales. Dans le cas de Villeneuve, il a beaucoup de qualités. Il est très intelligent, il est patient avec la rondelle et c'est un excellent fabricant de jeu. Certains éléments sont à travailler. Son coup de patin n'est pas mauvais, mais il y a place à l'amélioration. Du côté physique, il doit se renforcir, mais ça va venir avec la maturité. Il y a des joueurs similaires des autres ligues qui sont classés dans la même portion de notre liste. »
Si on reste à la ligne bleue, Lukas Cormier (Charlottetown) en est un autre qui suscite beaucoup d'intérêt. De plus petit gabarit (5 pieds 10 pouces, 180 livres), il entre dans le moule des petits défenseurs mobiles et offensifs. Sera-t-il en mesure de transposer ses qualités chez les professionnels?
« Je crois que oui. Il est extrêmement mobile et son jeu de pieds est excellent. Il est aussi bon en attaque qu'en défensive quand on regarde son jeu dans l'ensemble. Évidemment, le côté offensif est important quand tu es plus petit. Il produisait à un rythme supérieur à un point par match avant qu'il subisse sa fracture au pied, qui l'a évidemment un peu ralenti. Il est créatif et explosif et il possède un bon sens du jeu. Je crois qu'il pourrait jouer un rôle similaire dans la LNH. J'ai l'impression qu'il va connaître une énorme saison cette année. »
Après Lafrenière, l'attaquant Dawson Mercer (Chicoutimi) pourrait bien être le deuxième joueur de la LHJMQ à trouver preneur. Il était sur le radar en début de saison, mais il ne l'était assurément pas à ce point-là. Qu'est-ce qui explique sa progression constante tout au long de la saison?
« Il a connu un départ canon avec les Voltigeurs de Drummondville. À tous les matchs qu'on le voyait jouer, s'il n'était pas le meilleur joueur sur la glace, il n'était pas loin derrière. Il jouait très bien et il avait une belle chimie avec Xavier Simoneau. Je n'aime pas faire de comparaisons, mais c'est un joueur qui ressemble à Patrice Bergeron. Il est dangereux en attaque, il a un bon lancer, une belle vision, il est très bon dans le cercle des mises au jeu et il est ultra responsable dans sa zone.
« Il peut aussi bien jouer en avantage numérique qu'en désavantage. On l'a vu au Championnat mondial junior; il n'avait pas un rôle sur le top-6, mais il apportait quelque chose à l'équipe. Il a livré la marchandise partout où il est passé cette saison. Il a continué à le faire quand il a été échangé à Chicoutimi en deuxième moitié de saison dans un rôle plus polyvalent, même s'il avait un peu moins de temps de jeu qu'à Drummondville. »
Dans la transaction qui a justement envoyé Mercer à Chicoutimi, William Dufour a fait le chemin inverse vers Drummondville et a terminé la saison en force avec 33 points, dont 18 buts, en 28 matchs. Est-ce que le changement d'air a fait toute la différence dans son cas?
« En début de saison, il y avait beaucoup de points d'interrogation sur son jeu. On le surveillait, mais il ne se démarquait pas autant qu'on l'espérait. On se posait des questions sur son coup de patin, et le fait de jouer sur une glace olympique à Chicoutimi ne l'aidait pas. À son arrivée à Drummondville, il a obtenu plus de temps de jeu et il s'est démarqué en avantage numérique. Il a connu une fin de saison qui a ouvert les yeux à tout le monde. Ça s'est transposé par un bond de 30 rangs dans notre liste (99e à 69e). On trouvait ça logique avec sa grandeur, sa grosseur et l'amélioration qu'il a apportée à son coup de patin. Il y a eu une belle progression. Il ne faut pas se le cacher, des gros bonshommes qui peuvent compter des buts, ça suscite beaucoup d'intérêt et c'est précieux pour les équipes de la LNH. »