TORONTO – Jeremy Roenick n’a jamais eu le bonheur de boire du champagne dans la Coupe Stanley, mais il a maintenant sa place au Temple de la renommée du hockey grâce à une glorieuse carrière de 513 buts et 1216 points en 1363 matchs.
Roenick n’était pas seulement bon sur la glace. L’Américain avait aussi un talent devant un micro, se retrouvant parfois dans des controverses pour ses propos colorés.
En 1996, lors du deuxième tour des séries entre les Blackhawks de Chicago et l’Avalanche du Colorado, Patrick Roy avait gagné une querelle verbale contre Roenick en disant qu’il ne pouvait entendre ce qu’il disait à son sujet puisqu’il avait « ses deux bagues de la Coupe Stanley dans les oreilles. »
Dans la salle du Temple de la renommée où on peut voir les plaques de tous les joueurs intronisés, Roenick a fait un retour dans le passé avec un grand plaisir.
« Patrick était le meilleur. Tout simplement le meilleur », a dit Roenick quand on est revenu sur cet incident.
On lui a donné l’occasion d’envoyer un message à l’ancien numéro 33.
« Roy peut maintenant m’entendre, a-t-il répliqué en éclatant de rire. Oui, il peut m’entendre, Patrick. »
Roenick a maintenant retrouvé Roy au Temple de la renommée du hockey. Gagnant à quatre reprises de la Coupe Stanley (deux fois avec les Canadiens et deux fois avec l’Avalanche) et à trois reprises du trophée Vezina, Roy a fait son entrée au Temple en 2006.
« J’ai souvent parlé de cet épisode avec Patrick. Mais il s’agit de l’un de mes meilleurs moments dans la LNH. J’adorais jouer contre lui. Il y avait une grande rivalité. Nous étions deux joueurs passionnés et nous avions des conversations parfois endiablées. Quand tu joues contre une légende comme Roy et qu’il sort un commentaire aussi génial, tu ne peux pas être fâché.
« On m’en parle encore aujourd’hui et ça fait maintenant 28 ans. C’était en 1996. Je dois l’admettre : Roy avait gagné sa bataille verbale contre moi. »
En 1996, Roy et l’Avalanche avaient éliminé Roenick et les Hawks en six matchs. L’Avalanche avait ensuite triomphé des Red Wings de Detroit en finale de l’Ouest (en six matchs) et des Panthers de la Floride en finale (en quatre matchs).
Le numéro 33 avait donc gagné pour la troisième fois la Coupe Stanley cette année-là. Il a obtenu un dernier triomphe en 2001 avec l’Avalanche. De ses quatre conquêtes, Roy a gravé trois fois son nom sur le trophée Conn-Smythe (1986, 1993 et 2001), décerné au joueur le plus utile des séries.
Du 27 au 97
Ancien choix de premier tour (8e au total) des Blackhawks en 1988, Roenick a porté le numéro 27 lors de ses huit saisons à Chicago. À ses débuts avec les Coyotes de Phoenix en 1996-1997, il a changé pour le numéro 97.
« Teppo Numminen avait le 27 et je ne voulais pas lui demander de me le donner, a-t-il expliqué. J’aimais le 9 pour Gordie Howe et le 7 pour Bobby Hull. En plus, mon fils était pour venir au monde en 1997. C’était parfait comme numéro. Et aujourd’hui, j’ai inspiré Connor McDavid ! »
Roenick a terminé son explication de son changement de numéro avec un clin d’œil à McDavid, l’un des meilleurs joueurs au monde. Mais le capitaine des Oilers d’Edmonton avait opté pour ce chiffre puisqu’il représente sa date de naissance.
Une saison avec les Olympiques de Hull
Roenick, qui est une machine pour raconter des anecdotes, a également parlé de son passage avec les Olympiques de Hull (Gatineau aujourd’hui) lors de la saison 1988-1989.
« J’avais joué les premiers matchs de l’année avec les Blackhawks avant de partir pour Hull, s’est-il remémoré. J’étais encore un peu trop frêle et trop jeune pour la LNH. J’aimais beaucoup la LHJMQ. Quand j’étais plus jeune, je partais avec mon père de Boston pour voir des matchs à Verdun et Laval. C’était une ligue très offensive.
« J’avais du plaisir avec les Olympiques, c’était fantastique. Je vivais avec la famille Cadieux en pension. Je parlerai d’eux lundi soir dans mon discours d’intronisation. Je glisserai aussi des mots sur Charlie Henry et 'Gretz' (Wayne Gretzky), les propriétaires à cette époque. Je n’oublierai jamais mes matchs à l’aréna Robert-Guertin. Nous avions une bonne équipe avec Martin Gélinas, Stéphane Matteau et Karl Dykhuis. »
Roenick avait joué 28 matchs pour les Olympiques, obtenant 70 points (34 buts, 36 passes). Il avait ajouté 19 points (7 buts, 12 passes) en neuf matchs en séries.
Alain Vigneault était derrière le banc de l’équipe. Sans surprise, l’Américain avait une histoire à raconter au sujet de Vigneault.
« Alain était très dur comme entraîneur. Je me souviens d'une fois où il nous a fait enfiler et retirer notre équipement une dizaine de fois dans le vestiaire à 2 heures du matin alors que nous revenions d'un match. »
« Nous avions un protège-cou et Martin Gélinas ne l'avait pas apporté à un match et nous avions perdu. Il nous a punis en nous faisant enfiler et retirer dix fois notre équipement mouillé. À la fin, il a dit à Martin de garder son équipement et nous sommes tous allés au banc pour le regarder faire des tours de patinoire avec Alain Vigneault pendant 45 minutes. Personne n'a oublié son protège-cou après ça. »
Après Vigneault, Roenick a joué pour Mike Keenan avec les Hawks. Keenan n’avait rien d’un doux. Mais c’était aussi une autre époque.