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Au moment où il est rentré à la maison pour la longue pause des Fêtes, Zachary Bolduc était loin de se douter de l'impressionnante tangente qu'allait prendre sa saison. Il n'avait aucune raison de croire qu'il atteindrait le prestigieux plateau des 50 buts pour la première fois de sa carrière.

Ses premiers mois dans l'uniforme des Remparts de Québec s'étaient bien déroulés, sans plus. Il totalisait 15 filets en 29 matchs - un total fort respectable, mais pas exactement ce qu'on pourrait qualifier de départ canon.
« Je n'ai pas eu les débuts espérés, a avoué l'espoir des Blues de St. Louis en entrevue avec LNH.com. J'aurais aimé produire davantage et être un élément plus important pour l'équipe. Je ne jouais pas le hockey dont j'étais capable. J'étais moins impliqué et je ne jouais pas dans mes forces. »
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De son propre aveu, il cherchait encore à établir une chimie avec Théo Rochette, le joueur de centre qu'on lui a assigné dès son arrivée.
« On avait de la misère à se trouver, a acquiescé ce dernier. C'est normal. Ça arrive quand on commence à jouer avec quelqu'un qu'on ne connaît pas beaucoup. »
Hébergés dans la même famille de pension, les deux nouveaux coéquipiers n'ont pas baissé les bras. Et l'entraîneur-chef Patrick Roy ne leur a pas vraiment laissé le choix.
À force de passer du temps ensemble, de décortiquer leurs matchs et d'apprendre à se connaître, ils en sont arrivés à un déclic. Ça ne s'est pas fait du jour au lendemain. Mais quand ç'a finalement débloqué, ça n'a pas été bien long avant que les deux complices se mettent remplir les filets adverses.

« Le fait qu'on apprenne à vivre ensemble nous a aidés à beaucoup plus communiquer, a fait valoir Rochette. On se parlait de nos matchs en rentrant à la pension. On regarde aussi beaucoup de hockey (de la LNH) ensemble, on discute des jeux et des petites choses qu'on remarque.
« On a mieux compris comment l'autre voyait le jeu. Je sais qu'il sait à quoi je pense quand j'ai la rondelle. Il se place en position pour décocher un tir sur réception, et je le cherche à ces endroits-là. C'était une question de communication et de compréhension de l'autre. »
Les chiffres ne mentent pas, et le lien de cause à effet est assez facile à établir.
Depuis la reprise des activités, Bolduc a enfilé l'aiguille 37 fois en 35 matchs pour porter sa récolte à 52 buts et devenir le troisième joueur du circuit à franchir cette marque, cette saison. Pendant ce temps, son acolyte a engrangé 39 mentions d'aide pour un total de 63, et s'approcher à cinq points du plateau des 100 points.
« Pour moi, c'est un plateau quand même incroyable, a souligné Bolduc. Je ne peux pas dire que je l'aurais atteint sans l'aide de mes coéquipiers, surtout sans l'aide de Théo. C'est tout un patineur, il a une superbe vision du jeu et il déteste perdre. On connecte vraiment. Il y a beaucoup de Théo dans ces 50 buts. »
« C'est super de l'entendre dire ça, a réagi Rochette. C'est un coéquipier incroyable. Moi, je lui ai juste donné le puck. Il faut dire que j'en ai aussi profité (rires). Je n'aurais jamais eu autant de points sans Zach. On se soutient l'un et l'autre et c'est plaisant de voir qu'il est reconnaissant. »
« Le meilleur »
Il ne faut quand même pas se surprendre de l'exploit réalisé par le choix de premier tour des Blues au dernier repêchage. Le natif de Bécancour avait inscrit 30 buts à sa première saison dans le circuit junior québécois, alors qu'il faisait la paire avec Alexis Lafrenière, chez l'Océanic de Rimouski.
Sa deuxième campagne ayant été marquée par les blessures et par un contexte difficile en raison de la pandémie, il avait été limité à seulement 10 buts en 27 rencontres. Disons qu'il a apprécié le retour à une certaine normalité.
« Je n'ai pas de difficulté à gérer la pression, mais c'est sûr que ça fait une différence quand tu peux jouer la tête libre sans te poser de questions, a-t-il expliqué. Le fait de jouer sur une base régulière et de pouvoir prendre mon rythme m'a beaucoup aidé. C'était le meilleur des mondes. »
L'esprit léger et avec un contrat professionnel en poche, Bolduc a pu se concentrer uniquement à terroriser les gardiens avec son tir foudroyant.
« C'est le meilleur franc-tireur avec lequel j'ai joué, a lancé Rochette. J'ai de la misère à trouver un défaut à son tir. Il lance comme un pro et il n'a pas peur d'aller dans le trafic pour marquer. Il décoche tellement rapidement que je suis convaincu que ça va se transmettre au prochain niveau. »
Mais avant de tenter de se tailler une place dans l'organisation des Blues, Bolduc voudra simplement transposer ses succès en séries. Les Remparts occupent le premier rang du classement général, et n'ont pas l'intention de décevoir pendant la vraie saison.
« C'est le funêtre bon en saison, mais il faut être encore meilleurs en séries, a-t-il conclu. C'est le moment le plus important de l'année. »
Crédit photo : Jonathan Roy / Remparts de Québec