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Les textes de la série « Tête-à-tête avec… » sont publiés le dimanche sur LNH.com. Nous nous entretenons avec des acteurs du monde du hockey afin d'en apprendre plus sur leur vie sur la glace et à l'extérieur.

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L'édition de cette semaine met en vedette le directeur général du Lightning de Tampa Bay Julien BriseBois.
MANALAPAN, Floride - La philosophie de Julien BriseBois à l'approche de la dernière date limite des transactions a été plutôt simple et directe.
« Quand tu es une des meilleures équipes et tu considères que tu as une réelle chance de gagner la Coupe Stanley cette année, tu veux absolument trouver une façon d'améliorer ta formation et tes chances d'avoir du succès », a lancé le Québécois. « C'était ma philosophie. »
Y parvenir allait toutefois être à nouveau difficile en raison de la réalité du plafond salarial, mais BriseBois, l'architecte des deux conquêtes consécutives de la Coupe Stanley du Lightning, espère qu'il sera en mesure de dire mission accomplie au terme de la saison.
Le Lightning a mis la main sur les attaquants Brandon Hagel, des Blackhawks de Chicago, et Nick Paul, des Sénateurs d'Ottawa, en plus de Riley Nash, des Coyotes de l'Arizona.
Tampa Bay a échangé les attaquants Taylor Raddysh et Boris Katchouk ainsi que deux choix conditionnels de premier tour aux Blackhawks en retour de Hagel et de deux choix de quatrième ronde. L'équipe a envoyé l'attaquant Mathieu Joseph et un choix de quatrième tour à Ottawa pour les services de Paul, tandis que Nash a été obtenu contre des considérations futures.
En entrevue avec LNH.com après la conclusion de la réunion des directeurs généraux de la LNH, mardi, BriseBois a indiqué qu'il avait dû payer un peu plus cher pour obtenir les attaquants, en particulier Hagel, qui a 23 ans et qui est sous contrat pour les deux prochaines saisons à un salaire de 1,5 million $.
Paul et Nash pourraient devenir joueurs autonomes sans compensation après la saison.
Le Lightning ne possède plus que quatre choix dans les trois premières rondes des trois prochains repêchages (première ronde en 2022, deuxième en 2023, troisième en 2023 et 2024), mais BriseBois estime que le jeu en vaut la chandelle quand il compare les chances qu'un joueur repêché puisse devenir un régulier dans la LNH versus l'apport d'Hagel et de Paul pour aider l'équipe à gagner immédiatement.
« Je ne veux pas parler des probabilités exactes, mais elles sont bien évidemment différentes pour un premier choix au total que pour le 32e, a-t-il souligné. Nous avons fait nos recherches. Au final, ce qu'il faut, c'est de connaître la valeur des éléments dont tu fais l'acquisition en comparaison à ceux que tu vas échanger. Tu prends tes décisions selon tes chances de succès en ajoutant ces éléments. »
Le Lightning (43-18-7) est à égalité avec les Maple Leafs de Toronto au deuxième rang de la section Atlantique à la suite d'une défaite de 5-4 en tirs de barrage contre les Canadiens de Montréal samedi.
LNH.com s'est entretenu avec BriseBois au sujet des décisions du Lightning avant la date limite, des chances de l'équipe de remporter la Coupe Stanley à nouveau et des réalités du sport pour lui.
Le Lightning possède un trio formé de Corey Perry, Pierre-Édouard Bellemare et Pat Maroon. Il s'agissait de votre troisième ligne pour la majeure partie de la saison, et la plupart des équipes seraient en droit de se dire qu'elles sont en bonne posture quand elles peuvent compter sur un troisième trio de la sorte. C'est maintenant la quatrième ligne en raison des arrivées de Hagel et de Paul, qui ont été jumelés à Ross Colton sur la troisième. Était-ce un objectif, à l'approche de la date limite, que le trio de Bellemare devienne le quatrième?
« Je n'aime pas nommer un trio comme le premier, le deuxième, le troisième, le quatrième. Je comprends lorsque les gens disent qu'on essayait de reconstruire notre troisième trio, mais ce n'est pas la réalité. Nous essayions d'améliorer notre équipe, d'améliorer notre profondeur. Nous voulions essayer d'obtenir les meilleurs joueurs possible et de donner à nos entraîneurs le plus d'options possible. Certains joueurs sont plus utilisés selon le pointage et l'allure du match. Nous avons été en mesure d'amener Brandon Hagel, Nick Paul et Riley Nash. Ils donnent des options à nos entraîneurs et ils rendent notre groupe meilleur.
« Dans le cas de Brandon Hagel, on doit prendre en considération qu'il sera avec nous pour plus d'une année. Il reste deux années à son contrat, et il est sous notre contrôle pour les deux suivantes. Nous avons donc la possibilité de tenter de gagner la Coupe pendant cinq ans avec lui avant qu'il devienne joueur autonome sans compensation. Il est le deuxième plus jeune joueur de notre club en ce moment, quelques mois plus vieux que Cal Foote. Il va nous aider maintenant et dans le futur. Des joueurs comme lui sont difficiles à obtenir et tu devras débourser plus pour y parvenir. »

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Maintenant que la date limite est derrière nous, quelle est ton évaluation des chances du Lightning d'aller jusqu'au bout? Est-ce similaire à l'an dernier à la fin de la saison?
« Je crois que nous pouvons être des aspirants à la Coupe Stanley, mais c'est le cas depuis 2015 pour notre groupe, la première année où nous avons atteint la finale de la Coupe Stanley. C'est vrai depuis, même si nous avons manqué les séries lors d'une saison, ce qui en dit long sur la parité dans la Ligue. Nous sommes une des nombreuses équipes qui possèdent le nécessaire pour gagner la Coupe Stanley. Nous voulons combattre l'adversité à laquelle nous ferons face, les défis qui se présenteront devant nous et être l'équipe qui se retrouvera avec la Coupe Stanley à la fin de la saison pour une troisième année de suite. Mais je sais à quel point ce sera exigeant parce que je sais ce que c'était lors des deux dernières années. »
À quel point est-ce important d'avoir de l'expérience, surtout l'expérience que ton équipe possède en séries et l'impact que ça peut avoir lorsqu'on veut gagner en éliminatoires?
« C'est important parce que ça te permet de placer les choses en perspective. Tu ne gagneras pas 16 parties de suite. Ce n'est pas de cette façon que la Coupe Stanley se gagne. Tu vas gagner des matchs, tu vas en perdre d'autres. Tu vas mener une série, mais aussi te retrouver en déficit. De pouvoir tout placer en perspective te permet d'être à ton mieux et de ne pas laisser la situation dicter ta façon de jouer. »
Quel était ton plus beau souvenir dans le hockey avant de gagner la Coupe Stanley?
« Wow… Relié au travail ou non? Est-ce que ça doit être dans le monde du hockey? Je travaille dans la LNH depuis 2000, et même avant, quand je faisais de l'arbitrage salarial pour des clubs de la LNH. Je connais tant d'histoires que c'est difficile d'en choisir une seule. C'est certain que de gagner la Coupe Stanley, c'est le rêve ultime. Les émotions et la joie ressenties quand tu gagnes la Coupe Stanley, il n'y a rien qui s'y compare. »
Est-ce que ç'a changé ta vie?
« Je ne crois pas. »
Est-ce que ç'a changé ta façon de te percevoir comme directeur général?
« Non, parce que je sais qu'il y a beaucoup de hasard qui vient avec le fait de connaître du succès au niveau de la LNH. Je le savais déjà. Ce qui m'a préparé pour être un DG dans la LNH plus que tout est de l'avoir été dans la Ligue américaine de hockey (LAH). Je l'ai fait pendant 13 ans et nous avons eu du succès. J'ai été associé à de très bonnes équipes, de très bons entraîneurs et de très bons joueurs. Nous avons atteint la finale de la Coupe Calder lors de quatre de ces 13 années et nous l'avons gagnée deux fois. En vivant cela, tu comprends à quel point la ligne est mince entre gagner ou ne pas gagner un championnat. Je ne tiens rien pour acquis. Je sais très bien que pour avoir gagné nos deux Coupes, il a fallu l'aide de Dame Chance. J'espère qu'elle sera encore là pour nous permettre d'aller en chercher une autre. »
Même pour une équipe qui possède tout pour gagner immédiatement, le développement des joueurs demeure une priorité. Comme tu as passé de nombreuses années au niveau de la LAH, j'aimerais savoir qu'elle est ta vision de l'importance de ce circuit pour le développement des joueurs.
« C'est si important pour les succès d'une organisation parce que c'est de là que la plupart des joueurs vont provenir. Les joueurs de ton équipe ont soit été rappelés directement de ton club-école, ou encore, ce sont des joueurs dont tu fais l'acquisition après qu'ils soient passés par un programme de développement afin d'en faire des éléments importants. C'est critique. Et même avant d'arriver à la LAH, nos camps estivaux, nos camps de perfectionnement, nos camps des recrues et notre camp d'entraînement permettent à ces jeunes joueurs d'apprendre notre culture, nos habitudes, nos standards, notre vocabulaire et nos expressions. C'est immensément important pour leur permettre de devenir des joueurs de la LNH. »
Étais-tu un hockeyeur?
« J'ai joué au hockey mineur, mais pas à un niveau relevé. Ce que je dis toujours quand je parle de mon jeu dans les ligues de garage, c'est que je suis un excellent centre de troisième trio pour une équipe qui n'utilise que deux lignes. »
Dans ce cas, peux-tu expliquer d'où provient ton côté compétitif? Nous sommes à la réunion des directeurs généraux et tu te retrouves avec des gars qui ont joué dans la LNH, certains sont au Temple de la renommée. Pour jouer à un tel niveau, il faut être incroyablement compétitif. Ce n'est pas quelque chose que tu as vécu.
« Je pense que pour être DG à ce niveau, il faut aussi être très compétitif. Tu dois être vraiment dédié. Je crois que c'est mon cas, et aussi celui des 31 autres DG. »
Es-tu compétitif dans toutes les sphères de la vie, ou seulement comme dirigeant d'équipe?
« Je suis compétitif dans tout. Qui n'aime pas gagner? Qui aime perdre? J'ai grandi en faisant du sport. J'ai joué au hockey mineur, mais mon sport numéro un, c'était le baseball. J'ai aussi joué au basketball et au tennis. Encore aujourd'hui, je joue au hockey dès que je le peux. Un peu moins récemment. Le tennis, le pickleball, le basketball dans la cour avec mes fils. Peu importe le sport, je me donne! »