Patrice Bergeron : «J'ai tout donné et je n'ai pas de regret»

Patrice Bergeron voulait s'accorder du temps afin d'être certain qu'il n'allait pas prendre la mauvaise décision.

C'est son corps qui lui a fourni la réponse. Il était temps de mettre un terme à sa carrière.

Le Québécois a pris sa retraite de la LNH mardi, une journée après avoir fêté son 38e anniversaire. Il aura joué ses 19 saisons et 1294 matchs dans la LNH avec les Bruins de Boston, et il aura remporté le trophée Selke, remis à l'attaquant à caractère défensif par excellence de la Ligue, six fois. Mercredi lors d'une conférence de presse au TD Garden, il a expliqué ce qui l'avait motivé à prendre cette décision.

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« Je voulais laisser retomber la poussière et voir s'il y avait une partie de moi qui allait vouloir revenir au jeu, mais ça n'a jamais été le cas, a expliqué Bergeron. La préparation, la routine et l'entraînement sont vraiment importants afin d'être au sommet de ta forme, et tu dois t'assurer de faire les bonnes choses. Je ne vais pas mentir, cet été, je me sentais moins motivé. Au final, j'ai écouté mon corps, et les signes qu'il m'envoyait me disaient que je ne m'ennuyais pas vraiment de m'entraîner, et que même si ça faisait longtemps que je n'avais pas été sur la glace, ça ne me manquait pas.

« Je suis convaincu que mon temps était arrivé. J'attendais que quelque chose se produise ou que ma motivation revienne d'un coup, mais j'ai plutôt senti que j'étais prêt à passer à autre chose. Éventuellement, tu dois écouter ton corps. Vingt ans, c'est beaucoup de hockey, beaucoup de matchs. Le jeu est physique et demandant, ce qui devient lourd pour le corps. Je n'ai pas de blessure majeure, mais il y a des bobos ici et là qui datent du passé et qui refont surface quand je me réveille le matin. C'est le temps de les guérir et de tourner la page. »

Bergeron a disputé la dernière saison avec uniquement un contrat d'un an en poche. Il a indiqué que tout au long de la campagne, il sentait que c'était sa dernière dans la LNH. Mentalement, il était prêt à rendre le tout officiel, mardi.

Ça ne l'a pas empêché de remporter le trophée Selke et d'aider les Bruins à connaître une saison historique de 65 victoires et 135 points, des records de la LNH.

Mais les Bruins ont été éliminés par les Panthers de la Floride en sept matchs dès la première ronde des séries, le 30 avril. Bergeron a indiqué après cette partie qu'il avait besoin de temps pour penser à son avenir et qu'il ne voulait prendre une décision trop rapide.

« Quand la blessure est fraîche, ce n'est pas le temps de prendre des décisions qui doivent être rationnelles, et c'est pourquoi tu dois t'assurer de bien réfléchir et de te laisser le temps de trouver ta réponse, a souligné le joueur de centre. C'est ce que j'ai fait. Au début, il y avait un peu de moi qui voulait revenir au jeu, mais plus ça avançait, plus je sentais que je préférais que ce soit ma dernière année. J'ai décidé de regarder l'ensemble de ma carrière, pas seulement comment elle s'est terminée. Quand j'ai pu prendre ce pas de recul, j'ai réalisé que j'avais été choyé de vivre toutes ces expériences et d'avoir été un joueur de hockey. J'étais vraiment reconnaissant. C'est ce qui a pris le dessus sur [l'élimination]. »

Bergeron a raconté qu'il avait discuté avec plusieurs personnes qu'il respecte dans le domaine, et le même discours revenait.

« Ce que plusieurs m'ont dit, c'est que lorsque le temps allait être venu, j'allais le savoir, a expliqué Bergeron. Je suis un gars très intuitif. J'écoute toujours mon instinct et mon cœur, et j'ai compris que c'était le temps de tourner la page. J'aurais aimé jouer pour toujours et ne pas annoncer ceci, mais éventuellement, il faut passer à autre chose. »

Autre chose, ce sera de commencer une vie beaucoup plus calme de retraité à Boston, tout en gardant un style de vie actif et en rattrapant le temps perdu avec sa famille, qui a accueilli un nouveau membre cet été avec la naissance de Félix, le quatrième enfant du couple. La famille de Bergeron et de son épouse Stéphanie est complétée par Zack, Victoria et Noah.

« Ç'a été un voyage incroyable de 20 ans, mais il y a beaucoup de pression et de stress extérieur qui vient avec le fait de jouer au hockey. Ça sera agréable de jouer au chauffeur de taxi pour la famille et de tout simplement relaxer. »

Bergeron a indiqué que sa famille allait vivre à Boston pour la prochaine année scolaire, puis décider si elle veut demeurer dans le Massachusetts ou encore retourner à Québec, d'où Stéphanie et lui sont originaires.

« C'est chez-moi depuis 20 ans ici, a dit l'attaquant à propos de Boston. C'est spécial. C'est un endroit qui représente beaucoup. Nous allons y penser. »

Bergeron n'a pas fermé la porte à demeurer dans le monde du hockey, mais il n'a pas encore décidé sous quelle forme il pourrait y arriver. Pour l'instant, il n'a pas l'intention de devenir entraîneur.

« Je veux prendre mon temps et vraiment réfléchir à ce que je veux faire, ce que le prochain chapitre de ma vie sera. »

Depuis l'annonce de sa retraite, les félicitations et les remerciements affluent de partout sur la planète.

Mardi sur Twitter, il a eu droit à des hommages de la part de la LNH, de l'Association des joueurs de la LNH, de Hockey Canada, des Red Sox de Boston, des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, des Celtics de Boston, du Revolution de la Nouvelle-Angleterre, des Canadiens de Montréal, des Penguins de Pittsburgh et d'une tonne d'anciens coéquipiers et légendes des Bruins, dont un autre Québécois, Raymond Bourque. Plusieurs autres l'ont félicité directement.

« Ce sport m'en a donné tellement plus que ce que je vais avoir été en mesure de redonner, a-t-il souligné. C'était spécial de voir mes amis et les gens entrer en contact avec moi hier, que ce soit d'anciens coéquipiers pendant un an ou plus. Il y a toujours des liens, des amitiés, des gens que j'ai rencontrés, et ce qui va me manquer le plus, ce sont les rires et tous les magnifiques souvenirs. Ce sport m'a donné beaucoup, et j'en suis reconnaissant.

« Ce que je n'hésiterai pas à dire, c'est que j'ai tout donné et je n'ai pas de regret. »